La fille aux yeux clairs

Deux journées de vacances de plus. Volées. La faute au mal des oreilles de R. et au petit virus qui me mets KO debout.

Dehors le vent souffle, il s'époumone. J'ai rabattu en hâte tout ce que j'ai cru bon. L'air est chaud. Comme un petit air de Sirocco, disent les gens d'ici. Il y aurait des traces de sable dans l'air. Cette histoire me fait songer à Le Clézio. Et chaque fois, je me dis que ce vent est celui qui rend fou.

Son visage est blême. Et je regarde ses yeux, bleus aux pourtours et plein de petits points blancs comme une constellation d'étoiles. Ses yeux si grands. Du bleu de l'eau cristalline. Si beaux. Avant sa naissance, j'avais choisi de broder un poème d'Eluard sur une couverture blanche au point rose lancé. Ces prémonitions de la grossesse, c'est confondant, où est-ce des coïncidences que l'on aime à trouver. Aujourd'hui, dans la rue c'est elle qui accroche les regards. Envie de la protéger, plus tard. Et je suis là à côté, tout à côté. Elle me donne l'envie d'être jolie. Ce sont des journées où l'on s'apprivoise. Malade, elle a besoin de moi pour chaque geste, gestes qu'elle tient d'habitude absolument à faire seule. Un peu d'abandon, et le plaisir de la câliner.

Nicolas Narkosy, c'est le "France des Présidents", Maman. Oui ma toute petite. Et j'écoute la radio qui grésille, la crise grecque, les salariés que l'on va licencier et regarde notre maison que nous avons passé durant ses vacances plus que quelques heures à habiter, décorer, ranger et elle m'en devient encore plus chère.

Dehors le vent souffle.

       

Cache "petit-cou", tricoté en 7 et demi. Pelote grise Monop'. Initialement pour A. Mais çà pique crop. Adopté par mademoiselle "j'aime avoir bien chaud".